LA MÉCANIQUE CÉLESTE

 

I) La révolution de la Terre

A) La trajectoire

La Terre évolue sur une trajectoire plane : une ellipse. Son excentricité très faible (0,017) en fait pratiquement un cercle. La distance moyenne au soleil (environ 150 millions de km) est utilisée comme unité de longueur dans le système solaire (principalement, car les distances interstellaires sont trop grandes) : c'est l'unité astronomique (UA).

Exemples :
  • distance Terre-Soleil : 1 UA (dur!!)
  • distance Pluton-Soleil : 39 UA.
  • l'étoile la plus proche (Alpha du Centaure) est à 252300 UA (4 années lumière).
B) Positions par rapport au Soleil

L'axe de rotation de la Terre, passant par ses pôles n'est pas perpendiculaire au plan de la trajectoire (l'écliptique). Il s'écarte de la perpendiculaire d'un angle de 23°26'. C'est le seul chiffre qui va nous permettre d'expliquer les mouvements de la voûte céleste et le phénomène des saisons. Tout d'abord, visualisons l'horizon que nous voyons en un point de la Terre.
La figure ci-dessous montre les différentes positions de la Terre par rapport au Soleil.

Ainsi en été, le Soleil est haut dans le ciel : il fait chaud. La figure ci-contre montre de plus qu'au SE (Solstice d'été, le 21 Juin) le Soleil, en une journée, doit parcourir AA' : les jours sont longs.
Mais en hiver, le Soleil est bas dans le ciel : il fait froid (l'énergie solaire est plus "étalée"). Au SH (Solstice d'Hiver, le 21 Décembre), le soleil parcourt BB' en une journée : les jours sont courts.
Ce sont les premières conséquences de l'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre.


Remarques : Solstice et équinoxes.
  • La figure 1 montre qu'aux équinoxes, la séparation entre nuit et jour passe par les pôles. Ainsi chaque point de la Terre voit le Soleil pendant 12 h et la nuit pendant 12h: d'où le nom "équinoxe". D'autre part la figure 4 montre (et c'est une conséquence de ce qui précède) que le Soleil se lève exactement à l'est et se couche exactement à l'ouest, ce qui n'est pas le cas des autres jours de l'année.

  • Aux solstices, les figures 1 et 4 montrent que la durée d'ensoleillement est extremum (max au SE et min au SH) comme la hauteur du Soleil (max au SE et min au SH).

C) Autres conséquences
Observons sur la fig.1 les phénomènes se produisant aux pôles. Sur l'arc EA-SH-EP, le pôle Nord est plongé dans une nuit de six mois, malgré la rotation de la Terre. C'est le seul point de la Terre qui puisse voir le Soleil six mois ininterrompus, ou ne pas le voir sur la même durée: en effet, en EA et EP, tout point de la Terre voit le Soleil 12h de suite, sauf (à la limite) les pôles.
Cependant, en SE et SH, pour tout point dans ce que l'on appelle le cercle polaire (mis en évidence en SE fig.1), le soleil ne se couche et ne se lève pas dans la journée. Les 2 cercles polaires sont à ... 23°26' des pôles. Pour tout point intérieur à ces régions polaires, il existe une période de l'année (de plusieurs jours pour l'intérieur, jusqu'à 6 mois pour les pôles, mais d'une seule journée pour un point sur les cercles) où le Soleil ne se couche pas, et une période où le Soleil ne se lève pas. D'où le Soleil de minuit...
On peut aussi remarquer qu'aux pôles, la rotation propre de la Terre ne fait pas varier la hauteur du Soleil dans le ciel. Ainsi celui-ci de lève, monte jusqu'à une hauteur de...oui! 23°26', et se couche tous les six mois ! Le cycle complet est bouclé en un an (on peut donc dire que les journées sont 365 plus longues aux pôles qu'en Europe).
Intéressons-nous aux régions équatoriales. En EP et EA (fig.1), le Soleil est à la verticale de l'équateur : il passe donc au zénith à 12h en chaque point de l'équateur.
L'évolution de l'inclinaison de la Terre par rapport aux rayons provenant du Soleil, entre solstice et équinoxe, nous indique que les latitudes les plus hautes où le Soleil peut être au zénith sont celles où il est effectivement au zénith à midi en SE et SH. Les deux cercles correspondant à ces latitudes (qui valent +23°26' et -23°26') sont les tropiques. Le Soleil est donc au zénith des tropiques à midi aux solstices (tropique du Capricorne en été et tropique du Cancer en hiver). La bande située entre les deux tropiques (région "tropicale") est l'ensemble des points du globe où le Soleil peut être au zénith (à midi) au moins une fois dans l'année. Et l'équateur terrestre est l'ensemble des points du globe où le Soleil s'éloigne le moins du zénith pendant l'année (au maximum de 23°26' bien sûr). Par comparaison, à Paris, le Soleil est à 20° au dessus de l'horizon en hiver (soit à 70° du zénith) et à 65° en été (à 25° du zénith). On comprend pourquoi les régions tropicales ont un climat si... exotique!
Nous allons maintenant nous occuper du mouvement des étoiles, et introduire la sphère céleste. Nous observerons, pour ce faire, les mouvements de la Terre d'un autre point de vue : au lieu de représenter la Terre "inclinée" et son plan de révolution horizontal, on se placera sur la Terre en mettant horizontalement le plan de l'horizon, et l'on observera le mouvement des astres sur une demi-sphère céleste. Ce changement de perspective permettra aussi de mieux comprendre ce que nous avons vu jusqu'à maintenant.

II) La sphère céleste

A) Représentation et mouvements
Tout d'abord, constatons que la taille de la Terre est négligeable devant sa distance aux étoiles, et même aux planètes. Elle sera représentée, ainsi que l'observateur terrien, par un point sur les schémas suivants.
L'axe de rotation de la Terre a une direction fixe malgré le mouvement de révolution : il "traverse" donc la sphère céleste en deux points immobiles par rapport aux étoiles (qui sont considérés, ce qui est pratiquement vrai, comme immobiles). Il faut remarquer que pour un observateur fixe à la surface de la Terre, ces points sont aussi fixes par rapport au ciel qu'il voit : ils constituent les pôles Nord et Sud célestes. De même l'équateur terrestre définit un plan de direction fixe : ce plan coupe la sphère céleste en l'équateur céleste.


La figure ci-dessous montre une représentation du ciel qu'il est pratique d'avoir en tête. L'angle PHI représente la latitude du lieu.

Remarque :
Pour ce qui concerne l'astronomie, seule la latitude compte et change l'aspect du ciel. La longitude n'a pas d'importance, du fait de la rotation de la Terre.


Rappels :
  • La latitude est la hauteur sur l'équateur: pour Paris, PHI=48°50'
  • La longitude est l'angle entre notre méridien et celui de Greenwich, près de Londres. Pour Paris, LAMBDA=-2°20'14", ce qui correspond à un retard de 9 min 20,93 s.
  • L'angle PHI de la figure vaut donc, pour nous, environ 49°. Il est à remarquer que le pôle Nord céleste est très proche d'une étoile brillante, appelée "étoile polaire". Si vous cherchez la direction du pôle (par exemple pour orienter grossièrement une monture de télescope, comme nous le verrons plus tard), il suffit de chercher une étoile brillante, dans la direction du nord géographique, à une hauteur d'environ 50° au-dessus de l'horizon.


Remarque sur le mouvement des pôles :
L'axe de rotation de la Terre n'est en fait pas fixe. Il décrit un cône (figure ci-dessus) en 26000 ans. C'est le phénomène, très important, de précession des équinoxes (il s'agit bien en effet de précession d'après les angles d'Euler). Il se superpose un phénomène de nutation (les petites ondulations) d'une période de 18,6 ans. Bien que faible, le déplacement a été découvert par les Grecs, dans l'Antiquité ! La précession ne change rien à l'œil nu, à l'échelle des siècles, mais les coordonnées des étoiles doivent être modifiées régulièrement car les déplacements sont visibles dans un télescope sur un siècle (voire moins). On peut aussi noter que, du fait du mouvement de l'axe, les pôles célestes se déplacent sur la voûte céleste: ainsi dans 14000 ans, l'étoile polaire sera Véga de la Lyre !


Revenons aux mouvements des étoiles. La Terre tournant autour de son axe Nord-Sud, un observateur verra les étoiles bouger. Comme les pôles, eux, ne bougent pas, les étoiles durant la nuit vont décrire des cercles pour l'observateur (figure ci-dessus). Les astres apparaissent à l'horizon Est et disparaissent sur l'horizon Ouest.
La figure précédente montre les mouvements apparents des étoiles suivant la situation géographique de l'observateur sur le globe terrestre. Nous correspondons au troisième cas. Remarquez la calotte polaire, au pôle Sud, qui est constituée des étoiles que nous ne pourrons jamais voir sous nos latitudes. On peut noter que la Petite Ourse et Cassiopée sont dans la calotte Nord (elles sont à moins de 49° du pôle Nord céleste) et donc ne se couchent jamais pour nous (on ne peut pas s'en rendre compte car on ne les voit pas en plein jour).
Observons maintenant les mouvements du Soleil au cours de l'année. Ils sont dus aux déplacements de la Terre. La figure ci-contre montre que pour la Terre le Soleil décrit sur la sphère céleste la projection du plan de l'écliptique sur cette sphère. Cette trajectoire sera aussi appelée écliptique. C'est un "diamètre" de la sphère, comme l'équateur, qui fait un angle de 23°26' avec ce dernier.
Reprenons la figure 1. Aux équinoxes, on constate que l'axe Terre-Soleil est confondu avec la droite intersection du plan de l'écliptique et du plan de l'équateur. Ainsi les deux intersections de l'écliptique et de l'équateur céleste sont les positions du Soleil sur la voûte céleste aux équinoxes. L'un de ces points sera important lorsque nous utiliserons les coordonnées célestes : c'est le point qui, à 0H à l'équinoxe d'Automne, est sur le méridien local, vers le Sud, à une hauteur égale à la colatitude du lieu (colatitude=90°-latitude). C'est le point vernal (noté GAMMA) position du Soleil à l'équinoxe de printemps (EP).

B) La bande zodiacale
L'écliptique est généralement représenté sur une carte céleste. Il passe à travers un certain nombre de constellations, que l'on appelle constellations du zodiaque. La figure suivante montre ces constellations : vous reconnaissez les signes astrologiques. Mais où interviennent les planètes ?
Il est maintenant admis que le système solaire s'est formé à partir d'une nébuleuse de gaz en rotation. Or Poincaré a montré dans les années 1900 que toute masse en rotation avait tendance à s'aplatir en disque (ce qui expliquerait du même coup les anneaux de Saturne).
Ainsi les planètes formées comme des grumeaux sur le disque primitif. Cela a une conséquences visible : les plans de leurs trajectoires sont pratiquement tous confondus, à 1 ou 2° près, avec le plan de l'écliptique, plan de révolution de la Terre. Pluton est un cas à part : c'est peut-être un ancien satellite de Neptune, ce qui explique que sa trajectoire s'éloigne jusqu'à 17° de l'écliptique.
Sur la voûte céleste, les planètes ont des trajectoires qui ne s'éloignent pas à plus de 2° (4 diamètres lunaires) de l'écliptique : elles transitent donc aussi à travers les constellations zodiacales, ce qui explique leur importance en astrologie...
Le fait que les planètes se déplacent pratiquement sur l'écliptique simplifie considérablement la compréhension de leur situation dans le ciel.

Remarque :
La Lune se déplace aussi, en première approximation, sur l'écliptique.

Positions de l'écliptique durant l'année :
La figure 1 permet de prévoir ces positions. Voici les plus importantes.


Si l'on considère deux plans sécants et que l'on fait tourner le système de PI autour d'un axe perpendiculaire au plan P1, P1 ne change pas (c'est le cas du plan équatorial) alors que P2 se transforme en son symétrique par rapport à P1 (Plan écliptique) :

On obtient alors les configurations suivantes:

Aux solstices:

Par conséquent, en hiver, le Soleil est bas en journée, les planètes et la Lune sont hautes dans la nuit (observation favorables), tandis qu'en été, le Soleil est haut en journée, les planètes et la Lune sont basses dans la nuit.
Tout ceci est tiré du fait que les planètes et la Lune se déplacent sur le plan de l'écliptique. Bien sûr, lorsque la lune est visible le jour, les conclusions relatives à sa hauteur changent.

Aux équinoxes:
La figure ci-dessus montre la position de l'écliptique :
  • à midi à l'EP.
  • à minuit à l'EA.

LAMBDA=latitude du lieu (environ 49°)
ALPHA=23°26' 

On constate qu'à nos latitudes, l'écliptique n'est visible que vers le Sud à tout moment de l'année. C'est aussi sur le méridien, au Sud, que les étoiles et planètes culminent au milieu de la nuit. Lors de la recherche d'un site d'observation, on cherchera donc une vue dégagée vers le sud, d'autant plus que c'est dans cette direction que se trouvent les constellations les plus riches en étoiles (il y a peu d'étoiles dans la direction du pôle Nord céleste).