Le temps de pose en photo du ciel profond

Lorsque l'on a peu d'expérience, il est toujours très difficile de savoir quel est le bon temps de pose pour une photo du ciel profond. Nous allons donc voir quels sont les paramètres qui influent sur ce temps de pose.

L'objet photographié, le fond de ciel

En fait, à de très rares exceptions près (nébuleuses planétaires brillantes), le temps de pose ne sera pas dicté par l'objet photographié. En fait le temps de pose effectif sera le temps de pose maximal que le fond de ciel vous permettra de faire. Le moment où le contraste entre le fond de ciel et l'objet est maximal correspond à un fond de ciel qui commence à sortir. Il faut donc essayer de faire des négatifs où le fond de ciel est légèrement présent.

Le rapport F/D

Le rapport F/D (focale de l'instrument divisée par le diamètre optique) est un chiffre indiquant la luminosité de l'instrument de prise de vue. Plus le chiffre est petit plus l'instrument est dit "ouvert" ou "lumineux". C'est ce chiffre que l'on trouve sur les bagues de diaphragme des objectif photo (2, 2.8, 4, 5.6....). Dans le cas d'un objectif, le diaphragme vient diminuer le diamètre utile de l'objectif (augmentant ainsi le rapport F/D). Dans le cas d'un télescope, il n'y a pas de diaphragme, le diamètre utile est alors fixe. La focale est aussi fixe, ce qui fige donc le rapport F/D de l'instrument.
Les propriétés de l'œil font que pour voir une différence notable de lumière, il faut un facteur 2 sur la lumière (x2 ou /2). On constate que les chiffres d'une bague de diaphragme, n'ont pas une progression aléatoire. En fait, entre chaque chiffre il y a un rapport de racine de 2 (1,414). Il y a une explication à cela, lorsque le rapport F/D d'un objectif passe par exemple, de 4 à 5,6, le diamètre de ce dernier est diminué d'un facteur 1,414. Si l'on calcul les surfaces (donc la lumière entrant dans l'objectif), on constate que la surface (donc la lumière) de l'objectif a été divisée par deux...
Donc à chaque diaphragme, il y a doublement (ou division par deux) de la quantité de lumière.
On montre par le calcul que le temps de pose est donc proportionnel au carré du rapport F/D et inversement proportionnel à la sensibilité de la pellicule. Le tout, c'est d'établir ce fameux rapport de proportionnalité. Mais cela veut dire que lorsque vous aurez réussi une bonne pose, vous pourrez en réussir d'autre, même si la sensibilité du film a changé ou si le rapport F/D n'est plus le même.

Le film

La sensibilité du film va bien entendu intervenir sur le temps de pose. En principe, si le film est deux fois plus sensible (par exemple 800 ISO au lieu de 400 ISO), le temps de pose se divise par deux. Mais cette règle simple ne marche pas aussi bien pour les photos astro; l'effet de réciprocité  vient chambouler cette belle règle. L'hypersensibilisation permet de conserver la sensibilité initiale du film plus longtemps, permettant alors de faire ce petit calcul pour des pose plus longues.

La température

La température peut aussi influer sur le temps de pose (dans une moindre mesure). Lorsque la température baisse fortement (en dessous de 0°c), le froid crée une sorte d'hypersensibilisation du film, ce qui permet de poser un peu plus longtemps en enregistrant toujours des détails.

Tableau indicatifs des temps de pose:

Vous trouvez ci-dessous un tableau permettant de déterminer un temps de pose sans calcul. Ce tableau est fait sur le modèle des tableaux de temps de pose faits par F. Espenak de la Nasa pour les Éclipses. Pour utiliser ce tableau, il suffit de partir de la sensibilité de votre film (colonne de gauche), puis il faut aller vers la droite jusqu'a ce que vous arriviez sur le rapport F/D que vous utilisez (ou le plus proche de celui que vous utilisez). Descendez alors dans la colonne vers le bas du tableau. Les deux dernières lignes vous renseigneront sur le temps de pose en fonction de votre fond de ciel.
Je tiens à dire que ce tableau issu de mon expérience personnelle n'est qu'indicatif. Cela veut dire qu'il ne faut pas hésiter à poser plus, ou moins si cela vous parait bon. Ce tableau est établi pour une bonne transparence du ciel et pour des objets pas trop bas sur l'horizon. Il est calculé de manière théorique à partir de quelques images bonnes considérées comme référence, il ne tient donc pas compte de l'effet de réciprocité des films, de leurs sensibilité spectrale....

Écrit par Patrick Sogorb
http://www.astrosurf.com/sogorb