La photographie par projection avec oculaire
Il s'agit sûrement du type de photographie qui demande le plus de précision. En effet, le grossissement est bien plus important qu'au foyer simple du télescope. Non seulement l'oculaire joue le rôle d'un amplificateur, mais il faut tenir compte également du "tirage", car le boîtier photographique n'est pas collé à l'image fournie par l'oculaire mais plutôt placé à quelques centimètres de l'oculaire ; il en résulte donc une 2ème amplification.
Le matériel nécessaire est une bague T2, plus un adaptateur photo, qui servira d'intermédiaire entre le porte-oculaire et la bague T2. L'adaptateur se présente comme un tube de 3cm de diamètre environ, et contient l'oculaire. Il existe des bagues qui se glissent à l'intérieur si on veut utiliser des oculaires de coulant 24.5mm ou 31.75mm. Le boîtier photo se fixe toujours sur la bague T2. Petit avantage notable de l'adaptateur: il peut être composé de 2 parties séparables et mobiles autours de l'axe du tube, lorsqu'on desserre les vis qui les maintiennent entre elles. Ainsi, on peut orienter très facilement le cadrage qu'on souhaite réaliser. Vous n'aviez jamais remarqué que les photos d'amateur de la nébuleuse d'Orion étaient toujours prises dans la même orientation? ;)
La technique permet d'aborder sérieusement la photo du ciel profond et permet d'accéder aux planètes autres que la Lune. Pour obtenir des images nettes de la Lune et des planètes, il faut absolument posséder un moteur en ascension droite. Les poses pourront aller jusqu'à quelques secondes. Pour le ciel profond, si vous faites une station très précise, vous pourrez faire des poses d'environ 5mn en utilisant 1 seul moteur. Les débuts avec cette techniques sont difficiles : il faut surmonter beaucoup d'échecs, acquérir de l'expérience. Les clichés obtenus n'auront rien à voir avec ceux publiés dans les magazines ! (pas encore du moins...) Toute la compétence et l'expérience du photographe débutant sont en jeu, mais également la fiabilité du matériel. On peut faire des exploits avec un simple Newton 114/900. Les soucis sont multipliés par 10 par rapport à la photo au foyer. Il faut déjà vérifier l'état des piles du moteur et du boîtier photo, qui devront fonctionner pour plus de quelques secondes, vérifier la mise en station, éviter les dérives, soigner sa mise au poing (qui prend parfois quelques minutes), faire attention à son environnement extérieur qui occasionne des perturbations (vent, éclairages...), éviter les maladresses (ne pas toucher le télescope...), choisir les bons oculaires, la bonne pellicule... Tout y passe!
Les photos de plus de 5mn
Il faut posséder 1 deuxième moteur si on veut faire vraiment de longues poses. Pour des photos du deepsky d'environ 10-15mn, pour peu que la mise en station soit très précise, on peut se contenter de corriger les suivis seulement en ascension droite. Pour cela il y a 2 possibilités :
Le diviseur optique : il se fixe au niveau de l'adaptateur et permet, avec un oculaire réticulé, de se caler sur une étoile guide. Le diviseur renvoie à 90° une partie de l'image photographiée en la grossissant 2 à 3 fois. L'image réfléchie représente moins de 15% du flux de lumière incident, et le flux transmis est d'environ 85%. Bien sûr, c'est le boîtier photo qui reçoit le flux transmis. L'avantage de ce procédé est qu'on utilise une étoile guide dans le champ photographié ce qui évite donc au maximum le défaut de la rotation du champ. Les désavantages sont le souci de trouver une étoile assez lumineuse dans le champ (ce qui n'est pas toujours possible) en raison de l'étroitesse du champ réfléchi. De plus, cette technique oblige à rester tout près du porte-oculaire, dans une position peut-être inconfortable, et d'augmenter les risques de toucher le télescope et d'engendrer des vibrations.
La lunette guide : il s'agit d'utiliser une lunette en parallèle au télescope et de s'en servir pour corriger les déviations du suivi. En général, on utilise une lunette type 60/900. L'avantage est qu'on possède un champ assez grand pour choisir une étoile-guide avec un oculaire réticulé. Par contre, le champ n'a pas forcément le même que celui photographié. Ce procédé semble plus fiable que le précédent et plus facile à mettre en oeuvre.
Il suffit maintenant de faire le choix entre ces 2 techniques selon ses besoins. Il faut savoir qu'un diviseur optique peut coûter dans les 2000FF sans compter l'oculaire réticulé nécessaire. La lunette peut se trouver d'occasion pour 600FF. Il faut savoir aussi, que le champ qu'on surveille pour le suivi doit grossir 2 à 3 fois l'image qu'on souhaite photographier pour que le suivi soit correct. Par exemple, en utilisant un oculaire qui fournit un grossissement de 40x, il faut utiliser un grossissement d'environ 100x voire plus sur la lunette-guide. Les corrections se font à l'aide d'une raquette de commande qu'on actionne pour donner des impulsions au moteur. On recale ainsi l'étoile-guide au centre du réticule.